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ACTUALITÉS GEM2024-04-10

Espaces de vie, espaces de travail et territoires : centrage sur des usages alternatifs

 Crédit photo LUC BOEGLY PHOTOGRAPHE 2018. Vue montagne depuis les bureaux du siège de Korus Group à la Murette

Temps de lecture : 10 min

Albane Grandazzi est Professeure Assistante en théorie des organisations à Grenoble Ecole de Management, et participe à la chaire Territoires en Transition au sein de laquelle elle coordonne le projet de recherche intitulé : « Espaces de vie, espaces de travail et territoires » qui permet de réfléchir collectivement à l'évolution des usages des espaces.

 

Les nouveaux modèles d’organisations pour la transition, constituent l’un des axes de recherche conduits au sein de la chaire Territoires en Transition. Quels sont les acteurs en présence ?

 

Le projet « Espace de travail, espaces de vie et territoires », intègre, parmi d’autres, l’un des axes de travail académique de la chaire Territoires en Transition (TeT). Dans cet axe sont impliqués différents partenaires de la chaire: des acteurs publics – la Ville de Grenoble, Grenoble Alpes Métropole, le Département de l’Isère – des acteurs privés, tels que Korus Group, Algoé, et enfin des acteurs de l’économie sociale et solidaire (tels que la Fédération Léo Lagrange, la Mutualité Française de l’Isère, et la Turbine, ainsi que plusieurs associations du territoire grenoblois. L’objectif de la chaire est bien de créer et partager des connaissances au sein de ces acteurs. 

 

Quelle est le sujet et la génèse de ce projet que vous coordonnez au sein de la chaire TeT ?

 

Dans ce nouveau projet dédié aux espaces de travail et de vie, nous nous intéressons au cas d’espaces hybrides dont les usages ont évolué et/ou deviennent mixtes. C’est pourquoi nous utilisons l’expression « partage des infrastructures » pour se référer à notre objet d’enquête. Ces nouveaux usages portent, en effet, des enjeux inédits en matière de transition économique et sociétale. Ce projet s’inscrit dans la continuité du travail entamé dans le premier cycle de la chaire avec le projet « Plateforme de territoires pour de nouveaux services », où nous avons étudié des plateformes numériques dites alternatives, et aussi un nouveau modèle d’organisation des EHPAD hors-les-murs.

 

Quels sont les exemples de mutations en cours ?

 

Différents membres de l’équipe ont déjà travaillé la question des espaces dans une perspective organisationnelle, ainsi que la question de l’intégration à une échelle locale. Nous nous appuyons sur cette expertise commune pour développer des connaissances sur cet objet encore peu investigué dans notre champ scientifique : le partage des infrastructures. En témoignent, par exemple, la mise à disposition des collèges par le Département de l’Isère (salles de cours, réfectoires, gymnases…) à destination d’associations hors du temps scolaire (Salle sur demande). Ces nouveaux usages s’avèrent différents de l’usage initialement dédié au bâti d’origine, ils sont indépendants de l’usage principal et sont différenciés dans le temps. L’étude de ces pratiques est précurseure.

 

Comment avez-vous choisi de travailler sur cette question du « partage des infrastructures » avec les partenaires de la chaire ? 

 

En 2023, nous avons déployé en particulier avec Korus Group, le Département de l’Isère et la Mutualité française de l'Isère, une série de quatre ateliers exploratoires développant certains enjeux liés à la thématique « Espaces de vie - espaces de travail » (par exemple : le partage d’une enquête sur les espaces de travail et de vie pendant la Covid-19, la question du retour au bureau des collaborateurs dans un contexte de travail hybride, les usages alternatifs de l’immobilier du bureau). Les quatre problématiques étaient différentes, mais nous ont permis d’identifier des intérêts convergents et communs à nos partenaires. C’est pourquoi nous avons choisi en 2024 de nous centrer sur la question plus spécifique du partage des infrastructures.  

 

Quels sont vos chantiers en cours et leurs premiers enseignements ? 

 

En 2024, deux thématiques de recherche sont déployées de concert avec la chaire. Une enquête scientifique portant sur l’association « Bureaux du Cœur », qui constitue un cas d’usage totalement alternatif de l’immobilier de bureaux : « Il s’agit en effet d’accueillir, dans les locaux d’entreprises partenaires de l’association, des personnes sans-abris hors du temps de travail. L’association est déjà présente dans beaucoup de villes en France. » Notons que les obstacles matériels, logistiques et pratiques à la mise en place des Bureaux du Cœur, ne sont pas insurmontables : « l’association collabore déjà avec un grand assureur français via des clauses de contrat spécifiques. L’obstacle le plus conséquent à ces initiatives est avant tout lié au nouveau modèle d’organisation qu’il exige », relève Albane Grandazzi.

 

En parallèle de cette enquête, l’équipe travaille à un rapport  à destination des partenaires et du grand public sur cette question du partage des infrastructures, nourrie par notre étude de terrain avec Bureaux du Coeur. Ce rapport se fondera sur des données intégrant une étude de benchmarking, réalisée par les étudiants de GEM dans le cadre du cours Innoweek (sujets d’idéation proposés conjointement avec la chaire TeT), auxquelles s’ajouteront la matière produite au sein des ateliers conduits par la chaire, l’analyse d’un corpus académique, de la littérature et de divers témoignages rassemblés. « L’ambition est d’établir une cartographie et une vision prospective des infrastructures partagées afin de circonscrire notre champ de recherche. Les enjeux pour les organisations portent bien sûr sur une meilleure compréhension des usages alternatifs à venir. » 

 

Comment s'impliquent les entreprises partenaires dans ce projet, par exemple l'entreprise Korus Group ? 

 

Korus Group, situé à La Murette en Isère, déjà mécène de la Fondation GEM depuis décembre 2020 a rejoint la chaire TeT, en 2023, en tant que partenaire et mécène. « Korus Group est un acteur de l’aménagement d’espaces de travail, d’espace de vie et de collectifs. D’où l’enjeu d’une vision prospective et transverse de l’évolution de leur métier. Korus Group détient déjà une expertise en consulting, qui vise à développer une approche du conseil sur la transformation de ces espaces. D’où la nécessité d’appréhension des nouveaux usages et des nouvelles attentes en termes d’évolution des espaces », souligne Albane Grandazzi. L’immobilier de bureau s’ouvre à de nouveaux usages et le bureau de demain peut se penser comme une « plateforme », au croisement de plusieurs acteurs et donc usages possibles. Korus Group s’est par exemple impliqué dans la série d’ateliers en 2023, en accueillant un des ateliers dans ses murs au siège de la Murette. Cela a permis une synergie et des échanges concrets avec ses collaborateurs. 

 

 

Crédits photos LUC BOEGLY PHOTOGRAPHE 2018.

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