Cycle 2 Projet 1
En partenariat avec la Chaire Territoires en Transition.
La décentralisation de la production d’énergie conduit à la multiplication des projets d’aménagement et donc à l’augmentation mécanique des points de friction avec la société civile dans les territoires d’implémentation. Pour rappel, la puissance moyenne d’un parc éolien terrestre en France est 10 MW, celle des installations de méthanisation de seulement 0,35 MW loin derrière les infrastructures énergétiques historiques comme le nucléaire (2000 MW en moyenne) ou les barrages hydrauliques (100 MW).
Cette décentralisation pose d’autant plus question que la sensibilité du public s’est accrue ces dernières années, à l’image de quelques contestations emblématiques comme l’aéroport Notre Dame des Landes, le barrage de Sivens ou encore le centre d’enfouissement de Bure. La « licence to operate » est devenue aujourd’hui une question centrale dans l’élaboration de la stratégie des opérateurs d’infrastructures énergétiques.
Méthode et questions de recherche en deux temps
Dans ce projet de recherche, nous proposons deux méthodes pour comprendre comment les infrastructures énergétiques construisent leur légitimité.
- Dans le premier volet, nous proposons une étude historique de la légitimité médiatique des infrastructures nucléaires et « vertes » comme les parcs éoliens ou les usines de méthanisation. En mobilisant des algorithmes de traitement de données textuelles, nous serons en capacité d’analyser de grandes quantités d’articles et ainsi de comprendre la manière dont la presse et les réseaux sociaux construisent l’image des infrastructures vertes aux yeux du grand public. Nous pourrons mesurer l’évolution des principaux arguments dans le temps (économiques, géopolitiques, technologiques, écologiques), comparer le traitement médiatique national, régional voire international. Nous pourrons aussi repérer certains évènements forts impactant l’image de ces infrastructures : comment se créée et se diffuse une « fake news » ou un « buzz ». Nous menons une comparaison avec des projets d’aménagement anciens (centrale nucléaire/grand barrage) pour comprendre l’évolution du traitement médiatique des questions énergétiques.
- Dans le second volet, nous cherchons à comprendre le fondement territorial de l’adhésion sociale à ces projets d’aménagement. Nous pourrions mesurer l’ancrage territorial de différents projets d’aménagement à travers l’analyse des 9 chaines relationnelles des porteurs de projet ou du récit proposé pour chaque infrastructure. Nous pourrions ainsi étudier le lien possible entre différentes configurations d’ancrage territorial, les formes de contestation et l’adhésion sociale au projet. L’échantillon d’analyse pourrait être constitué d’une dizaine de projets comparables avec des niveaux de contestation variés.
Groupe de recherche
Thibault Daudigeos est professeur senior en Management dans le département Hommes, Organisations et Société à Grenoble Ecole de Management. Il s’intéresse au rôle croissant des entreprises dans nos sociétés. Il étudie comment ces nouvelles responsabilités transforment leurs stratégies, modes d’organisation et de gouvernance. Il explore actuellement le potentiel d’innovation sociale de formes alternatives d’organisation dans l’économie collaborative. Thibault est coordinateur de la Chaire Territoires en Transition et sera accompagné de son équipe pour réaliser cette étude.
Frédéric Bally est post-doctorant au sein de la Chaire Territoires en Transition : il a travaillé sur l'engagement au sein de projets citoyens urbains (type jardins collectifs) et sur la gouvernance des "infrastructures vertes". Il apporte notamment sa maitrise des logiciels d'analyse textuelle et de Topic modeling pour ce projet.