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Rencontres de l’Energie 2022 : les défis de la rénovation énergétique en France

Publié le
24 Avril 2022

Pour la deuxième année consécutive, la chaire Energy for Society de Grenoble Ecole de Management a organisé les Rencontres de l’Energie en mars dernier. L’occasion de découvrir les résultats de deux études menées ces derniers mois sur la thématique de la rénovation énergétique, de ses enjeux, ses freins et leviers d’actions. Retours sur les résultats principaux.

Aujourd’hui en France, 5 millions de logements sont considérés comme des passoires thermiques 1.
Le rythme annuel des rénovations n’étant actuellement pas suffisant pour atteindre l’objectif de neutralité carbone, de nombreux chantiers de rénovation devront voir le jour d’ici les prochaines années.

Dans ce contexte, la chaire Energy for Society a mené deux enquêtes pour identifier les freins et leviers de la rénovation énergétique. La première a été réalisée en juillet 2021 auprès de 1 268 copropriétaires à l’échelle de la France métropolitaine et la seconde a été menée dans le cadre du Baromètre du marché de l’Energie en février 2022 auprès de 162 experts du secteur qui ont répondu aux questions des chercheurs.

Une pénurie de main-d’œuvre à l’origine de ce retard ?

Le secteur du bâtiment est confronté à une pénurie de main d’œuvre, qui s’est accentuée pendant et après la crise de la COVID. A ce sujet, les experts du Baromètre classent comme premier obstacle la difficulté à trouver une entreprise de confiance pour réaliser les travaux de rénovation.

Une mauvaise connaissance des outils mis à disposition

Toujours selon le Baromètre du marché de l’Energie, l’incertitude des politiques et le manque général d’information apparaissent également comme des freins majeurs. Plusieurs facteurs ne facilitent pas la mise en place de travaux de rénovation : les changements fréquents de noms et de critères d’éligibilité des programmes d’aides à la rénovation, le manque d’accompagnement et la lourdeur des tâches administratives.

Le DPE est-il un outil efficace ?

Grâce à l’enquête menée auprès des copropriétaires en juillet 2021, on apprend que 48% d’entre eux ne connaissent pas l’étiquette DPE de leur logement. Quant aux experts qui ont répondu au Baromètre du marché de l’Energie, 30% d’entre eux estiment que le nouveau DPE (refondu l’été dernier) ne serait pas efficace pour stimuler le marché de la rénovation.

Renforcement de la Valeur verte de l’immobilier

Du côté des leviers, ces études démontrent l’importance de la valeur immobilière comme facteur de motivation pour réaliser des travaux de rénovation énergétique. En effet, la performance énergétique des logements rénovés impose une valeur verte immobilière qui influence désormais leurs prix. Plus de 50% des experts qui ont répondu au Baromètre du marché de l’Energie estiment que cette valeur verte serait l’un des principaux leviers de la rénovation énergétique contre 8% seulement en 2018.
Les obligations de rénovation annoncées dans le cadre de la Loi Climat et Résilience et la prise de conscience environnementale immobilière engendrée par ces obligations réglementaires ont une répercussion immédiate sur le marché immobilier :
Cette valorisation verte serait d’ailleurs la première motivation des copropriétaires bailleurs pour engager des travaux de rénovation.

les copropriétaires sont plus enclins à engager des travaux de rénovation si le remboursement de cet investissement est intégré aux charges de copropriété, ou encore s’il continue d’être financé par le futur acquéreur en cas de vente

Des financements alternatifs

Comment financer ses travaux de rénovation aujourd’hui ? Quelles sont les préférences observées ?
L’enquête auprès des copropriétaires a révélé une forte aversion à l’emprunt même à taux zéro pour réaliser les travaux de rénovation énergétique. Les copropriétaires auraient une préférence à financer l’investissement des travaux via les charges de copropriétés plutôt que par un prêt individuel. Cela s’explique par une forte aversion à la dette et donc aux emprunts. Cette aversion semble d’autant plus forte que la durée de l’emprunt est longue. La recherche révèle également que les copropriétaires sont aussi plus favorables à investir lorsque l’investissement des travaux est rattaché au logement plutôt qu’au propriétaire.

« Ces résultats mettent donc en lumière le fait que les copropriétaires sont plus enclins à engager des travaux de rénovation si le remboursement de cet investissement est intégré aux charges de copropriété, ou encore s’il continue d’être financé par le futur acquéreur en cas de vente » conclut Carine Sebi, coordinatrice de la chaire Energy for Society.

Pour en savoir plus sur le sujet de la rénovation énergétique

Retrouvez les échanges d’expertes et d’experts du sujet de la Rénovation énergétique, copropriétés : quels défis pour 2030 ?

Le replay des Rencontres de l'Energie

Lire les résultats complets des études

https://www.echosciences-grenoble.fr/articles/renovation-energetique-en-france-un-marche-dicte-par-les-reglementations

https://www.grenoble-em.com/actualite-etude-proprietaires-et-travaux-de-renovation-energetique

1. Source Ministère de la Transition Ecologique

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