
La mise en place d’un revenu universel fait débat dans la société. Mark Smith analyse les tenants et aboutissants de ce revenu sur la perception de l’économie et du travail dans une nouvelle tribune de The Conversation.
« Money for nothing » (« de l’argent pour rien ! »), au-delà d’une simple chanson des Dire Straits sortie en 1985, l’expression court actuellement sur toutes les lèvres, au cœur des débats politiques et des programmes proposant d’instituer des salaires de base aux citoyens, quelle que soit leur activité économique.
Ainsi, à travers le monde, des expérimentations du revenu universel sont mises en place, les gouvernements explorant la possibilité de verser un salaire aux personnes à taux forfaitaire, indépendamment de leur participation au marché du travail. Inconcevable ?
Au premier abord, on pourrait penser que les bénéficiaires resteront chez eux à regarder la télévision toute la journée. Mais en observant de plus près la façon dont les économies ont évolué ces dernières décennies, on peut comprendre comment de telles politiques ont pu émerger. Dans de nombreuses économies avancées, les espoirs d’augmentation de salaires, de stabilité et de prospérité dont les générations précédentes ont pu profiter, se sont détériorés.
Une réponse à l’économie des « marges »
Beaucoup vivent désormais en marge de l’économie, avec des périodes d’emploi (et de revenu) par intermittence en raison du recours aux contrats zéro-heure, de périodes répétées de chômage ou juste des salaires très bas. Ces bas revenus ont des conséquences négatives sur les individus, leurs familles et la société en général.
Les partisans du revenu universel, tels que l’auteur et chercheur Guy Standing, évoquent depuis longtemps l’émergence d’une classe précaire (le précariat), plus affectée que d’autres par le contexte d’insécurité croissante. Son expansion, d’après Standing, remet en question la structure de la société, la solidarité intergénérationnelle et la cohésion sociale. En effet, la désillusion croissante envers la pensée économique conventionnelle, comme on a pu l’observer avec les votes pour le Brexit et Trump, démontre le potentiel de déstabilisation des ordres économiques et politiques surannés, à partir du moment où le nombre de laissés-pour-compte devient trop important.
Une solution partielle contre un tel désenchantement pourrait donc être une redistribution qui prenne en compte les méthodes de travail modernes, dont l’économie des petits boulots ou l’économie collaborative. Un revenu de base pourrait offrir une certaine protection contre les insécurités et la précarité croissantes d’une économie majoritairement composée d’emplois à temps partiel, à court terme et flexibles où l’employeur est distant et prend peu de responsabilités sociales, comparé à un patron traditionnel.
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L'expérience finlandaise
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Changer la nature du travail
Autre article de Mark Smith : Un revenu de base universel, est-ce vraiment ce dont les jeunes ont besoin ?