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Quels indicateurs pour un bien-être soutenable ?

indicateurs de bien-être et de richesses soutenables
Publié le
08 Novembre 2017

La quête de nouveaux indicateurs de richesses a suscité de nombreuses initiatives nationales et internationales. Dans la métropole grenobloise, en témoigne le projet de construction d’indicateurs de bien-être soutenable territorialisés (IBEST), auquel a participé Fiona Ottaviani, post doctorante au sein de la Chaire Mindfulness, bien-être au travail et paix économique, à Grenoble Ecole de Management.

L’ambition d’IBEST ? Identifier des indicateurs de bien-être et de richesses soutenables, propices au bien commun, et révéler les richesses à l’échelle du territoire de la métropole grenobloise.

Au départ, l’étude s’appuie sur un constat : « La démultiplication de la place du chiffre dans les organisations et les politiques publiques, et son corollaire : la montée en charge de l’obsession pour la performance. En d’autres termes, « la démesure de la mesure » induit aujourd’hui une perte de sens et produit des effets délétères, relève Fiona Ottaviani, économiste participant au projet IBEST, qui a suivi par ailleurs un cursus de philosophie. L’ambition de départ d’IBEST visait donc à savoir comment évaluer différemment l’action des politiques de la ville. « Pour ce faire, l’enjeu a été de construire « un tableau de bord » du bien-être soutenable, à l’échelle de la métropole grenobloise, intégrant la parole des élus et des professionnels. »

Oublier les indicateurs « à charge »

Comment passer d’indicateurs classiques « à charge », qui s’avèrent non révélateurs d’un bien-être soutenable, et révéler ce qui fonctionne sur l’ensemble d’un territoire ? « L’idée d’IBEST a donc consisté à sortir des indicateurs classiques – attraction des capitaux, ou mesure des CSP+ -, afin de parvenir à produire autrement des indicateurs positifs, » explique Fiona Ottaviani. Car, de fait, « la question du bien-être renvoie à des données collectives et individuelles, et le préalable a consisté à saisir le bien-être individuel. D’où, la mise en place d’un questionnaire qualitatif sur la spécificité de la métropole grenobloise ; Puis dans un second temps, le lancement d’une consultation participative auprès des citoyens, des élus, des professionnels a permis de passer de cette échelle du bien-être individuel à une vision partagée du bien commun et de la soutenabilité ».

Les 8 dimensions du bien-être soutenable

  • Le travail et l’emploi : Quels facteurs participent de la qualité de l’emploi ? L’accent est ainsi porté sur la qualité du lien au travail, des relations interpersonnelles, sur la justice sociale, sur les inégalités salariales et sur l’importance des facteurs de reconnaissance.
  • L’affirmation et l’engagement : Au travers notamment « l’éducation de soi » et les ressources données, chacun pourra à sa mesure, participer à la vie collective. A l’échelle individuelle, ces « ressources » devraient permettre de s’affirmer et de prendre confiance en soi et de s’impliquer dans la cité. Objectif : viser la paix intérieure, la paix relationnelle, enfin la paix économique.
  • La démocratie et le « vivre-ensemble ». Cette dimension, qui n’est pas sans rapport avec la précédente, met au jour l’importance de la confiance institutionnelle et la santé du tissu relationnel, au travers de l’indicateur relatif à la possibilité de compter sur quelqu’un en cas de difficultés ou de l’examen des types et des niveaux d’entraides interindividuels.
  • Le temps et le rythme de vie. Cette variable dépasse largement les seuls indicateurs de PIB d’un territoire (produit intérieur brut), puisqu’elle invite à s’interroger sur la répartition des temps d’activité, dont le temps de loisir et de l’engagement dans la vie de la cité.
  • L’accès aux besoins fondamentaux. L’alimentation, la santé, le logement, la possession d’un niveau de revenu décent…
  • L’accès et l’utilisation des services publics. Cette dimension estime le non recours social et la possibilité d’accès des personnes aux différentes commodités.
  • La santé. Cet indicateur intègre l’évaluation du stress des individus au travail et l’évaluation de l’état de santé des personnes. Beaucoup d’entre elles cumulant le stress et des difficultés d’accès aux soins.
  • L’environnement naturel. Cette dimension prend en compte l’isolation du logement, le tri des déchets, la part des transports doux dans l’ensemble des transports, la part des espaces artificialisés, la qualité de l’eau, de l’air et le quartier non pollué ou non sale du quartier de résidence.

« S’extraire d’une logique d’entreprise destructrice »

« De tels indicateurs appellent au dépassement de la sectorisation de l’action pour appréhender de manière transversale et avec les personnes, les besoins de chacun. Ce décloisonnement de l’action est à opérer aussi bien dans les politiques publiques qu’au sein des entreprises pour concevoir des actions répondant aux enjeux sociaux et environnementaux actuels. Cette transversalité ne pourra s’opérer que si, de manière complémentaire à la mise en place d’outils d’information et d’aides à la décision, les organisations, publiques et privées, s’extraient d’une logique « guerrière », ou du moins destructrice, pour s’orienter sur le terrain de la paix économique, de façon à formuler des réponses collectives à la hauteur des enjeux actuels, » souligne en conclusion Fiona Ottaviani.

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