
Séverine Le Loarne, Professeur Management de l'Innovation & Management Stratégique, analyse subtilement le processus d'innovation et du renouveau économique par l'intermédiaire des "cols noirs" : Coco Chanel et Steve Jobs, deux figures majeures et novatrices du XXème siècle.
Steve Jobs est décédé en 2011, quarante ans à quelques mois près après Coco Chanel (1883-1971). Aussitôt se sont envolées les ventes de pulls noirs à col roulé, lequel donne progressivement son nom à une nouvelle catégorie de travailleurs : les « cols noirs ». Succédant aux cols bleus (les ouvriers), aux cols blancs (les cadres) et plus récemment aux cols gris (techniciens de l’industrie) les cols noirs renvoient à l’ensemble des individus, salariés ou non d’ailleurs, qui servent le développement des innovations et, à leur manière, contribuent au renouveau économique de leurs activités.
Si Steve Jobs est rarement pris comme référence en matière de mode vestimentaire et si le concept de col noir semble encore un peu flou, la référence au pull noir à col roulé fait écho à la petite robe noire de Chanel et à la personnalité de sa créatrice. Non seulement, juste après le décès de cette dernière, les ventes de petites robes noires se sont envolées elles aussi, mais sa créatrice a aussi marqué son temps et, tout comme Jobs est considéré comme un des grands innovateurs du monde de l’informatique, Chanel est unanimement reconnue comme une révolutionnaire dans le monde de la mode et du vêtement.
En effet, au-delà des similitudes en matière de goûts vestimentaires – l’adoption de la couleur noire et la volonté de porter un vêtement élégant en toute circonstance, mais surtout pratique –, ce sont les similitudes en termes d’attitudes qui semblent intéressantes pour définir ce qu’est réellement un « col noir » ou, pour dépasser la métaphore vestimentaire, un dirigeant innovant et visionnaire, capable de révolutionner positivement son industrie.