Le Cluster Montagne fédère et accompagne l’ensemble des acteurs de la filière française de l’aménagement touristique de la montagne. Il vient de rejoindre la Chaire multi partenaires « Territoires en Transition » de GEM en tant que nouveau mécène. Grâce à ce soutien, la Chaire ouvre un nouveau chapitre qui va pouvoir s’appliquer aux territoires de montagne.
Interview avec Nathalie Saint-Marcel et Thibault Daudigeos.
Nathalie Saint-Marcel, vous êtes directrice adjointe du Cluster Montagne, pouvez-vous s’il vous plaît nous présenter votre structure ?
Nous sommes une association regroupant des acteurs économiques de l’aménagement touristique en montagne, des entreprises (essentiellement des TPE, PME, et quelques ETI, puisque cette filière majoritairement composée de petites structures), des institutions, qui sont des acteurs représentatifs des maillons de l’écosystème (France Montagnes, Domaines Skiables de France, le syndicat des guides, le syndicat des moniteurs, Atout France, etc.), et des établissements de formation et de recherche, puisque l’ADN d’un Cluster, c’est de créer du lien entre ces trois univers qui sont plutôt distanciés ou cloisonnés, qui ont peu l’habitude, avec les TPE et les PME de travailler ensemble et de collaborer, notamment sur de l’innovation.
Le Cluster Montagne est basé entre le Grésivaudan et les vallées savoyardes, ce sont 245 membres partout en France, mais majoritairement sur les territoires alpins. Nous sommes presque dans une logique d’économie courte puisque la plupart des savoir-faire qu’ils soient industriels ou d’ingénierie sont assez proches des principaux territoires touristiques, notamment français, mais néanmoins il y a des leviers de développement à l’international, dans d’autres pays montagneux, et des goûts pour le tourisme de montagne qui se développent.
Quelle sont les missions et les thématiques d’intérêt du Cluster Montagne ?
Notre métier en tant que Cluster est d’accompagner les entreprises sur des projets innovants, différenciant, qui vont leur permettre de développer leur business. Nous travaillons dans le développement économique de l’aménagement touristique des territoires de montagne en France et à l’international, autour des enjeux qui sont aussi traités dans la Chaire : l’accessibilité, le digital, la durabilité, l’innovation frugale, les modèles économiques et les modèles d’organisation territoriale, et qui vont forcément impacter les entreprises qui, elles, ont des capacités d’innovation et d’adaptation, pour autant qu’elles soient capables de comprendre les évolutions, d’échanger avec les acteurs et ensuite de traduire ça, ou pas, dans leurs solutions (qu’elles soient des solutions de service, d’ingénierie, d’équipement d’infrastructure, d’aménagement).
Sur un volet, par exemple, de prospective, benchmark et transformation, notre travail est de porter à connaissance, de sensibiliser, d’informer des entreprises sur les grandes tendances, les signaux forts et signaux faibles, pour qu’elles arrivent à traduire ça dans leurs propres stratégies. Notre but est de les aider à pérenniser leurs activités, recruter, former leurs collaborateurs, et puis bien sûr dans ces enjeux-là, la question de la transformation des modèles touristiques est plus que cruciale.
Comment et pourquoi avez-vous choisi de soutenir la Chaire « Territoires en Transition » ?
Le projet de rejoindre la Chaire est né il y a tout juste un an par la mise en relation, via la CCI de Grenoble et également des personnes de GEM LABS avec qui nous avons eu des échanges qui ont beaucoup interpellé notre gouvernance qui est une gouvernance d’entrepreneurs et de décideurs.
L’objectif est de pousser la réflexion et l’expérimentation sur les modèles d’entreprises, de territoires, et les modèles de projets innovants.
Nous avons produit un premier cahier de tendance fin 2019, c’est un recueil de points de vue, d’idées, de témoignages, sur ce que nous (les acteurs du Cluster) considérons comme des tendances, et la crise que nous venons de traverser semble nous confirmer que les tendances identifiées se sont accélérées. Ce sont pour la plupart des problématiques d’accessibilité physique et économique, de digitalisation, de durabilité des aménagements et des modèles, de diversification, et de comment trouver l’équilibre entre la vie sur un territoire et sa dimension touristique et économique.
Ce sont des sujets par ailleurs traités scientifiquement dans la Chaire qui pourront alimenter nos travaux et apporter matière à réflexion pour nos membres.
Thibault Daudigeos, vous êtes le coordinateur de la Chaire « Territoires en Transition » à GEM, pouvez-vous nous parler de ce qui vous rapproche du Cluster Montagne, et des prochaines actions du chapitre territoires de montagne dans la Chaire?
Ce qui est frappant avec le Cluster Montagne, c’est une proximité de culture très forte avec GEM, une culture pragmatique, centrée sur l’innovation, proche des entreprises, et aussi une montée des préoccupations pour les sujets de transition. Ce qui sera intéressant avec le Cluster Montagne, c’est d’échanger sur les sujets sociétaux de transition énergétique, les questions de l’environnemental mais aussi du social et des visions du monde de la montagne.
Nous avons élaboré un programme de recherche très centré sur les outils d’animation et de réflexion collectives avec trois thèmes à l’agenda : les business models, la gouvernance et les stratégies disruptives.
L’idée est de créer des cycles d’ateliers de recherche pratique pour développer des outils d’animation et de réflexion autour de ces thèmes-là, pour pouvoir remettre la question des territoires de montagne au centre des outils sur lesquels nous travaillons déjà dans la Chaire.
Par exemple sur la question des business models, nous utilisons le Business Model Canvas (BMC), dans lequel nous avons introduit des questions de durabilité pour pousser les personnes qui ont des projets économiques à se poser des questions sociales et environnementales dans leur modèle économique. Le projet avec le Cluster nous permettra d’aller plus loin dans la formalisation de cet outil applicable aux acteurs des territoires de montagne.
Sur le thème de la gouvernance, cela fait dix ans que nous menons des travaux de recherche sur la gouvernance horizontale, multi parties prenantes, mais il y a encore peu d’outils d’animation pour réfléchir sur ces modèles au niveau du territoire, donc l’idée est d’explorer un outil qui permette de réfléchir sur les questions de gouvernance avec les acteurs de la montagne.
Sur le thème des stratégies disruptives, l’idée est de faire de la prospective en s’appuyant sur des scénarios radicaux, par exemple « Et si demain il y a un élément de l’environnement qui change brutalement, qu’est ce qui se passe pour nos métiers ? », c’est le sujet de thèse de Manuel Ramirez étudiant PhD de 3ème année à GEM qui contribuera aux recherches du chapitre territoires de montagne.
Enfin, la Chaire participera activement en janvier 2021 à l’Innoweek (hackaton étudiants) qui portera sur l’avenir du tourisme en montagne, avec Thomas Gillier qui coordonne cet événement à GEM. Avec les membres du Cluster, nous pouvons imaginer plusieurs champs d’innovation possibles ce qui permettra ainsi de remettre les territoires de montagne au cœur des préoccupations des étudiants de GEM.
