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La transition énergétique est-elle vraiment en panne en France ?

Publié le
23 Février 2021

Alors que le tribunal administratif de Paris vient de reconnaître dans le cadre de l’« Affaire du siècle » une « carence fautive » de l’État face au changement climatique, la transition énergétique est aujourd’hui présentée comme « en panne ». En tous cas, insuffisante par rapport aux engagements pris, notamment avec l’Accord de Paris. Découvrez le dernier article de Patrick Criqui et Carine Sebi dans The Conversation France.

Et pourtant la France a beaucoup œuvré pour la conclusion de cet accord. Et elle dispose d’une feuille de route détaillée pour la décarbonation de son économie : la stratégie nationale bas carbone. Suite à la publication en 2018 du rapport 1,5 °C du GIEC, cette stratégie a été revue pour marquer l’adoption de l’objectif plus ambitieux de « neutralité carbone » en 2050. Pour atteindre cette neutralité, la France devra diviser par 6 ses émissions de gaz à effet de serre (par rapport à 1990).
 
Comment expliquer cet écart à la fois entre les intentions et les actes et entre les actes et les résultats concrets ?
 
Est-ce par manque de vision, de volonté politique, de moyens, ou d’adhésion des citoyens ? Est-ce encore parce que, comme l’avancent certains, les lobbys industriels feraient tout ce qui est en leur pouvoir pour freiner cette transition qui menacerait leurs modèles d’activité et leurs profits ? La réalité est, comme toujours, plus complexe !
 

Les émissions nettes de gaz à effet de serre en France.

Présentation du rapport annuel 2020 du Haut Conseil pour le climat. (HCC/Youtube, juillet 2020).

Les « quatre piliers » de la transition

Toutes les explications déjà avancées ont sans doute une part de vérité. Mais ce serait facilité, ou paresse, que de s’arrêter là et de ne pas examiner avec plus de soin les leviers de la transition, mais aussi les difficultés rencontrées et les défis à relever.
 
Pour les difficultés, on pourrait les résumer en reprenant le titre de l’ouvrage du sociologue Michel Crozier paru en 1979 : on ne change pas la société par décret. Pour les solutions, il y a tout lieu de penser qu’il n’y a aucune formule miracle, ni du côté des options à mettre en œuvre, ni de celui des moyens à mobiliser par les politiques publiques.
 
Il faut cesser par exemple d’opposer solutions technologiques et solutions comportementales : le débat entre « technophiles » et « comportementalistes » est certainement plus paralysant qu’utile. Le défi climatique est tellement difficile à relever qu’il demandera ET des changements de comportement ET des innovations technologiques ET des améliorations des institutions pour la gouvernance de la transition.
 
Exclure une de ces options serait le plus sûr moyen de rater la cible.
 
Toutes les études de prospective explorant les voies de la « décarbonation profonde » des économies concourent pour identifier quatre leviers principaux : la sobriété, l’efficacité, la décarbonation de l’énergie et, enfin, les « transferts d’usage » – soit le remplacement des équipements alimentés aux énergies fossiles par ceux utilisant de l’électricité ou des gaz décarbonés.
 

Pilier 1 : la sobriété, nécessaire, mais non suffisante

C’est pour faire face aux chocs pétroliers que les premières mesures de sobriété énergétique ont été avancées dans les années 70. Les citoyens étaient incités – voire contraints – à réduire leurs consommations via des changements de comportement.
 
C’était l’époque de la « chasse au gaspi » et des campagnes de l’Agence française de la maîtrise de l’énergie (l’actuelle Ademe) demandant aux automobilistes de réduire l’allure et aux habitants de mettre un pull ! Plus tard dans les années 2000, avec la conscience grandissante de la nécessité de réduire la consommation d’énergie pour lutter contre le réchauffement climatique, la sobriété énergétique gagne de l’importance. En France, c’est notamment l’association NegaWatt qui popularise ce concept.
 
 

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