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La chaire Paix économique de GEM, labellisée chaire UNESCO

La chaire Paix économique de GEM, labellisée chaire UNESCO
Publié le
14 Février 2023

Le 2 février 2023, la chaire Paix économique de Grenoble Ecole de Management a obtenu la labellisation Chaire UNESCO « Pour une culture de paix économique ». Dominique Steiler, fondateur et titulaire de la chaire de recherche et d’enseignement, détaille quelle est la portée de cette labellisation 10 ans après la création de la chaire. Entretien.

Quels sont les fondements de la labellisation de la chaire Paix économique par l’UNESCO ?

Dans son préambule, l’Acte constitutif de l’UNESCO proclame que « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. » L’axe fondateur qui est défendu par la chaire Paix économique est la question de la paix et de l’éducation.

Au-delà, les objectifs 2030 de l’UNESCO sont alignés sur les 17 Objectifs de développement durable (ODD), fixés par l’ONU. Ils visent, en particulier, la réduction des inégalités en travaillant au développement de l’axe Nord/Sud. La labellisation UNESCO dote la chaire de recherche et d’enseignement d’une envergure internationale sur les questions d’éducation à la paix. Ce label lui permettra de diffuser à l’international une perception du monde en tant que sujet de relation plutôt que d’exploitation.

Car, dans les faits, l’hyper-compétition et la financiarisation de l’économie aboutissent aujourd’hui à la dégradation de l’ensemble des écosystèmes. La question qui se pose alors est de savoir comment les organisations souhaitent reprendre la main et leur place dans la cité, au service du bien commun.

Quelles ont été les modalités de recrutement de l’UNESCO ?

L’UNESCO a ajusté et validé les objectifs qui sont fixés à la chaire Paix économique. Ces objectifs (voir encadré) intègrent la promotion de la paix, le renforcement de la résilience et le développement des échanges internationaux autour de l’éducation à la paix économique. Cette labellisation confère une légitimité accrue à l’action de la chaire, qui est portée depuis sa création, en 2012, par des dirigeants d’entreprises.

Cette demande de légitimité existe depuis l’origine de la chaire. En effet, la création de cette chaire consistait à donner de la voix à ces dirigeants, dont les préoccupations visaient à transformer les comportements, la culture et le management de l’entreprise pour agir en faveur du bien commun. En 2012, la chaire était un lieu de légitimité, mais les représentations autour de la Paix économique étaient incertaines : il existait alors la crainte sous-jacente que la question de la paix dans les organisations vienne dégrader le business. Par exemple, le bien-être au travail pouvait s’apparenter à l’idée de ne plus travailler.

Concrètement, comment les actions de la chaire Paix économique vont-elles se déployer sous ce label ?

Rappelons qu’il existe une quarantaine de chaires UNESCO, en France, et environ 800 au plan mondial. Le label UNESCO vise le déploiement de l’éducation, la science et la culture. Depuis Grenoble, la chaire a d’ores et déjà fait la preuve de ses engagements à l’échelon international. La chaire est en lien avec une quinzaine de centres de recherche dans le monde, via des partenariats inter-universitaires avec l’Université d’Hiroshima au Japon, l’Université de Pennsylvanie aux Etats-Unis, l’Université pour la paix de l’ONU au Costa Rica, l’Université pédagogique de Kinshasa en République Démocratique du Congo, et avec l’Université Mohammed VI Polytechnique au Maroc, avec laquelle la chaire a tissé des liens spécifiques.

Quelles devraient être les retombées de cette labellisation pour les entreprises ?

La labellisation UNESCO valide l’engagement premier des entreprises dans une démarche de paix économique, qui était alors un sujet « sensible ». Pour les partenaires présents et futurs, s’afficher sous le drapeau de l’Unesco devrait aussi faciliter et légitimer le portage de projets de ce type au sein même de leurs organisations.

En effet, aujourd’hui, nombreux sont les dirigeants d’organisations qui souhaitent développer leur entreprise au service du bien commun. Ce label est un levier décisif, qui va ouvrir la porte à ceux qui travaillent, font des efforts, mobilisent de l’énergie et des flux financiers en faveur de la paix économique, et donc en faveur d’actions pour l’épanouissement de leur parties prenantes – santé des collaborateurs, co-évolution avec les parties prenantes et pérennisation de leurs entreprises respectives – et créer de la valeur partagée ensemble au profit du bien commun.

La labellisation UNESCO devrait également permettre de nouer d’autres partenariats et d’autres flux financiers. Car la chaire fonctionne grâce aux dons de ses partenaires, impliqués dans la transformation des business models, l’éthique des affaires, la préservation environnementale en vue de faire émerger des modèles d’entreprises régénératifs.

Ce label permettra de tisser plus d’interactions entre les organisations publiques et privées, plus d’inter-relations entre les territoires afin de les rendre plus attractifs, et renforcera la dynamique de promotion de la paix économique à l’international.

De fait, la visibilité des trois axes portés par la chaire, sera plus forte : le développement du bien-être et de la santé au travail ; le développement de la qualité de vie au travail, une meilleure gestion des conflits internes et externes et la préservation des écosystèmes et du vivant.

La labellisation Chaire UNESCO « Pour une culture de paix économique » ouvre d’intéressantes perspectives pour la chaire et l’ensemble de ses parties prenantes. Comment vont-elles se traduire à l’avenir ?

Nous sommes une école, dédiée à la recherche et l’enseignement, et la mission de la chaire est de promouvoir et d’éduquer à la transformation des comportements pour une meilleure prise en compte des personnes, de la nature et des relations entre les parties prenantes. L’action de la chaire, au sein de GEM, devrait donc s’intensifier autour de trois axes clés. Le premier est la formation des futurs leaders et managers. Le second, la recherche, qui permet de formuler des propositions d’évolutions et d’innovations sociales et organisationnelles. Et enfin, son influence et son impact local, régional et national, devraient s’élargir à l’international.

Cette labellisation UNESCO nous a déjà permis d’engager des partenariats et des actions : une université d’automne avec quatre université étrangères, une conférence avec l’Université d’Hiroshima, ou encore une conférence avec l’Algérie. L’Université mondiale pour la paix du Costa Rica nous a par ailleurs signifié son intérêt d’intégrer la paix économique dans son travail.

A l’échelle de GEM, cette labellisation marque une étape majeure qui vient renforcer les enseignements de formation initiale et continue, déjà présents sur les thèmes de la paix économique : la prévention des risques psycho-sociaux, la création de valeur pacifiée, les achats collaboratifs, l’éthique et le management, le leadership responsable, ou encore la RSE et ceci, pour les volets individuels, collectifs, organisationnels et les interactions avec les écosystèmes.

Je concluerais en soulignant que développer une « culture de la paix économique », c’est s’atteler à la transformation des personnes, des comportements et des organisations pour réduire les externalités négatives et à redonner à l’entreprise sa place au service de la vie heureuse dans la cité. Il s’agit de penser et d’agir pour le changement de manière concrète et quotidienne dans les grands projets de l’entreprise que sont : la santé, la lutte contre le changement climatique, la RSE, la médiation… et bien entendu, en tout premier lieu, la création de bien, de services et de richesse, qui contiennent plus de bénéfices (être utile à la société) que de maléfices (faire des profits dans se préoccuper des conséquences).

Si l’on veut progresser sur ces sujets, il faut transformer les regards et éclairer certaines confusions délétères que sont par exemple : bien-être ne veut pas dire « sans effort »; effort ne veut pas dire « avec souffrance » et paix ne veut pas dire « tout va bien ». La direction à prendre est, selon moi, de développer les compétences clés qui nous permettent de faire face efficacement à différentes situations : positives (savoir remercier ou célébrer), neutres (savoir insuffler un élan, une dynamique dans un temps morose ou incertain) ou négatives (savoir développer toutes les qualités de confrontation qui nous permettent de voir dans toute situation nos responsabilités et les espaces de développement qu’elles proposent).

Les objectifs du projet, tels que proposés par l’UNESCO

  • Promouvoir la paix et diffuser une culture de la paix économique pour prévenir les crises, renforcer la résilience face aux crises et contribuer à les surmonter.
  • Repenser la contribution des entreprises à la vie de la cité et intégrer cet enjeu à la formation des futurs dirigeants.
  • Revisiter les notions de progrès et de profit, et contribuer à la redéfinition d'un nouveau contrat social pour une société responsable, inclusive et durable.
  • Encourager le tissage de liens sociaux fondés sur la coopération entre les femmes et les hommes, entre acteurs d'un même écosystème, d'un même territoire, ainsi qu'entre les peuples et les nations.
  •  Coopérer étroitement avec l'UNESCO, les autres Chaires UNESCO et les réseaux UNITWIN sur les programmes et activités pertinents.

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