
L’augmentation des prix du pétrole, du gaz et de l’électricité a fait la une des médias, ces dernières semaines. La chaire Energy for Society s’est emparée du sujet pour décrypter les facteurs de cette flambée des prix.
Zoom sur les expertises de Carine Sebi, professeure et coordinatrice de la chaire à GEM.
Quelle analyse donnez-vous à cette récente augmentation des prix ?
Tout d'abord, il est important de dire qu'il s'agit là d'une tendance conjoncturelle. Au début de la crise sanitaire du Covid-19, les prix sont descendus très bas à cause de la baisse d'activité. Actuellement, la hausse des prix qui concerne plusieurs types d'énergie est tellement importante qu'elle choque les consommateurs qui n'étaient plus habitués à des prix aussi élevés.
Plusieurs facteurs expliquent cette récente augmentation des prix.
Premièrement, la reprise d'activité brutale à la suite des confinements a mis en difficulté l'approvisionnement (en gaz notamment) qui a eu du mal à s'adapter à ces chocs. Deuxièmement, la Chine, qui cherche à la fois à répondre à ses besoins industriels et à se défaire du charbon, s'est emparée cet été d'une grande partie de la production de gaz américain, au détriment de l'approvisionnement européen. Et troisièmement, des enjeux géostratégiques ont retardé l'approvisionnement en gaz depuis la Russie et en pétrole depuis les pays de l'OPEP+. Ces décalages entre offre et demande ont eu pour répercussion l'augmentation des prix.
À l'approche des élections présidentielles, il s'agit d'un sujet qui préoccupe le gouvernement qui redoute un mouvement social comme celui des gilets jaunes si les prix ne cessent pas d'augmenter. Carine Sebi envisage plusieurs thèmes importants dans la campagne : l'accompagnement des ménages les plus modestes pour faire face à cette flambée des prix (chèque énergie, autres aides), la massification des sources de production d'énergie décarbonée, les solutions de stockage de l'énergie, la rénovation thermique et les questions de dépendance énergétique.
Un mois après cette hausse des prix et les actions mises en place par le gouvernement, quelles sont les étapes à venir ?
Si nous voulons éviter les chocs et contre-chocs liés à notre dépendance aux hydrocarbures, il faut envoyer des messages clairs et sur le long terme pour inciter les investisseurs à :
- se détacher du charbon et du pétrole
- se tourner vers la décarbonation, l'efficacité énergétique et la sobriété.
Il n'y a pas de solutions miracles, il faut se servir de tous les outils à notre disposition.
En quoi les travaux de la chaire répondent à l'actualité ?
La chaire réfléchit à l'impact économique et sociétal de nouveaux services énergétiques qui permettraient de répondre aux enjeux de la transition.
Avec d'une part, les coopérations d'entreprises qui développent de nouveaux écosystèmes pour répondre aux besoins décarbonés de demain. Comme par exemple, la construction d'un bâtiment autonome ou le développement d'infrastructures pour la mobilité hydrogène.
Nous étudions également l'accélération de la rénovation énergétique comme pilier de la transition énergétique. Nous identifions et testons, par l'analyse de données quantitatives issues d'expériences de choix discrets, les caractéristiques clés de nouveaux modes de financement qui permettraient d'accélérer la mise en place de ces travaux par les copropriétaires.
Pour en savoir plus sur le sujet, retrouvez les interventions de Carine Sebi dans les médias :
- "Bouclier tarifaire" de Castex : le pouvoir d'achat, gros enjeu de la présidentiell
- Tagaday.fr
- Crise de l'énergie : les TPE et PME réduites à de "petites économies"
- httpsPrix du pétrole, du gaz et de l'électricité : bienvenue dans les montagnes russes !
À propos de la chaire Energy for Society
La chaire Energy for Society étudie l'impact de nouveaux services énergétiques conciliant attractivité business et adhésion des citoyens. Les recherches de la chaire s'articulent autour des trois axes suivants :
- Co-création de nouveaux services énergétiques
- Renovation « as a service »
- Stratégie d'innovation durable des entreprises