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Energies renouvelables : Quid de l’adhésion sociale ?

Energies renouvelables : Quid de l’adhésion sociale ?
Publié le
17 Mars 2023

La chaire Energy for Society de Grenoble Ecole de Management (GEM), lance un nouveau cycle de recherche visant l’adhésion sociale aux énergies renouvelables. Son ambition ? Permettre d’étayer des politiques publiques ambitieuses en matière de transition énergétique, qui soient compatibles avec les desiderata des populations à l’échelle des territoires.

« En 2020, la France était le seul pays de l'Union européenne à ne pas avoir rempli ses objectifs en matière d’énergies renouvelables (EnR) et, en l’état actuel, ne sera certainement pas en capacité de tenir celui de 2030. Or, la France atteindra difficilement la neutralité carbone d'ici à 2050 sans EnR », relève Carine Sebi, titulaire de la chaire de recherche Energy for Society de GEM, et directrice des études. Le nouveau cycle de recherche, qui est lancé pour une durée de trois ans par la chaire, porte précisément sur l’adhésion sociale aux EnR – comme l’éolien, la méthanisation, le solaire, l’hydrogène...

Depuis sa création, en novembre 2019, la chaire Energy for Society a valorisé une expérience unique à l’échelle territoriale et nationale dans le champ de la transition énergétique. Depuis l’origine, des partenaires entreprises concourent financièrement à ses projets de recherche : Air Liquide, Banque Populaire AURA, Engie, et GRDF en 2023. Par ailleurs, la chaire est depuis cette année soutenue par l’Ademe, qui l’accompagne et lui délivre son expertise. 

Instaurer des politiques publiques recevables par les populations

L’ambition de ce cycle de recherche vise à comprendre les déterminants qui conduisent les populations à formuler des objections face aux énergies propres. « Les EnR, comme l’énergie éolienne et la méthanisation, constituent des énergies décentralisées dans l’ensemble du territoire national et à l’échelon local, et s’avèrent être l’un des piliers des politiques publiques en matière de transition énergétique. L’enjeu de notre recherche est de parvenir à comprendre quels devraient être les déterminants favorisant ces solutions auprès des populations locales », poursuit Carine Sebi.»

L’idée est de démontrer concrètement quels messages sont effectifs ou non

Analyser les narratifs autour du nucléaire et les comparer aux discours visant les EnR

A l’échelle des industries énergétiques, l’un des objectifs de ce cycle de recherche est de comprendre comment le buzz se répand sur le plan national et local : à qui ces discours s’adressent-ils ? Quels sont les messages dominants ? Et pourquoi, en France, certains narratifs desservent les industries énergétiques ?

Le préambule de la recherche portera sur l’analyse du discours autour des énergies renouvelables dans les médias, et tentera de comprendre les facteurs d’évolution. « A l’image du nucléaire, le discours autour de la transition énergétique est très polarisé en France. Aussi, notre travail préliminaire consistera à comparer les narratifs entourant le nucléaire comparé à l’éolien, puis à comprendre comment les stigmates se répandent aux différentes échelles. L’objectif est de déceler la légitimité (ou pas) qui est attachée à ces discours », assure Carine Sebi.

Deux enquêtes et expérimentation d’envergure en plusieurs temps

Dès aujourd’hui, et pendant plusieurs mois, quelques milliers de personnes seront questionnées par des instituts de sondage dans l’ensemble de l’hexagone. Le recueil des données quantitatives et qualitatives sera ensuite analysé par la chaire Energy for Society.

Le premier volet de l’enquête consistera à comprendre les points d’achoppement auxquels les populations se heurtent concernant les EnR.

Le deuxième volet testera de nouvelles politiques publiques (informationnelles notamment) ayant pour objectif d’améliorer l’adhésion sociale des dites infrastructures.

Enfin, le troisième volet portera sur le questionnement des différentes parties-prenantes dans le cadre de la mise en œuvre de projets réels, l’analyse des raisons de leur échec et s’emploiera à recréer les conditions favorables à l’obtention d’un consensus au sein des populations concernées.

« Plus précisément, un des projets portera sur l’analyse de certains messages informationnels, et comment ces derniers affectent le comportement des ménages selon leurs orientations. En témoigne, par exemple, le regard qui est porté sur le développement de parcs éoliens. L’idée est de démontrer concrètement quels messages sont effectifs ou non. Un autre projet permettra de tester la pertinence de certaines mesures en réel sur l’adhésion sociale de populations situées à proximité de nouvelles infrastructures », relève Carine Sebi.

Et de conclure : « Pour les entreprises partenaires de ce nouveau cycle de recherche, l’intérêt est durable. Les sujets sociétaux qui sont étudiés au sein de la chaire intègrent les industriels à part entière, et les méthodes qui sont déployées pour le recueil et l’analyse des données les concernent en première intention. » Le nouveau cycle de recherche sera officiellement inauguré en présence des mécènes de la chaire lors des prochaines rencontres de l’énergie (voir encadré ci-dessous).

Les Rencontres de l’énergie 2023 : les enjeux géopolitiques et citoyens de la transition énergétique

Le 6 avril prochain, à partir de 13h30 à Grenoble Ecole de Management, les Rencontres de l’énergie seront placées sous la thématique de « La transition énergétique, des regards croisés sur de multiples enjeux ». L’événement est organisé par la Chaire Energy for Society et le Centre de géopolitique de GEM, l’UPEG (Université populaire européenne de Grenoble), la Ville de Grenoble, Europe Direct et les associations GEM ONU et IMPACT. Tous les publics sont attendus : élus, associations, ONG, énergies citoyennes, ménages, étudiants, etc.

A noter, parmi les temps forts de l’après-midi, deux tables rondes :

  • La géopolitique de la transition écologique. La transition énergétique est un enjeu géopolitique majeur du XXIème siècle. Mais, à terme, ne remplacera-t-on pas la dépendance aux énergies fossiles par une dépendance aux matériaux de la transition énergétique ? Face à la crise climatique, quelles sont les solutions pour décarboner l’énergie sans rentrer dans un nouveau cercle de dépendance ?
  • Concilier transition énergétique et adhésion des citoyens. Carine Sébi, titulaire de la Chaire Energy for Society et professeure d’économie à GEM, inaugurera le nouveau cycle de recherche de la chaire, en présence de ses mécènes. Cette introduction sera suivie d’un débat d’experts centrés sur les enjeux de l’adhésion citoyenne aux énergies renouvelables, et sur les solutions pour accélérer le déploiement des EnR dans nos territoires.

En fin de journée, Carine Sébi présentera la feuille de route du nouveau cycle de recherche de la chaire, suivie d’un débat autour des nouveaux modèles à inventer afin d’améliorer l’adhésion sociale aux nouvelles infrastructures énergétiques.

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