Une guerre de propagande
Le président de la Chine populaire l’avait annoncé dès son élection :
« Je crois que le plus grand rêve des Chinois, c’est la renaissance de leur nation dans les temps modernes. »
Un rêve qui devient un cauchemar avec l’apparition le 12 décembre 2019 dans la province de Wuhan, du virus qui fait sa première victime officiellement notifiée le 31 décembre. Pourtant dès les 2 et 3 janvier, le Dr. Li Wenliang et sept autres médecins avaient attiré l’attention sur l’existence dans le marché des fruits de mer d’une épidémie de pneumonie virale se propageant par le contact humain sur WeChat. Mais le 14 janvier, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) reprenait le discours officiel chinois, se fendant du tweet suivant :
Le médecin lanceur d’alerte et ses collègues furent censurés, réprimandés, arrêtés pour trouble à l’ordre public pour avoir lancé une fausse rumeur, et forcés à signer une lettre d’excuses.
Le décès du Dr. Wenliang des suites du virus le 6 février enflamma les réseaux sociaux Weibo et WeChat. En effet, c’est seulement le 25 janvier 2020 que la Chine adopta des mesures drastiques (dépistage, distance sociale, désinfection et quarantaine) et s’empressa de bâtir en 10 jours une structure de 1 000 lits, non sans en organiser la propagande sur la chaîne de télé nationale CCTV, sans oublier de filmer la prise en charge des patients équipés de masques par des médecins vêtus de combinaisons, gants et masques.
Aujourd’hui, du Cambodge aux Philippines, en passant par l’Italie, la France et l’Espagne, la Chine poursuit sa campagne de communication au point d’apparaître comme la bienfaitrice de la santé publique globale…
Business et pandémie : la Chine, de partenaire commercial à bombe toxique
Énième illustration de son arsenal stratégique, Xi Jinping offre à l’Iran (11 000 cas, 600 morts) des fournitures antiépidémiques et une équipe d’experts médicaux « volontaires ». La Chine profite ainsi de la politique de l’administration Trump au Moyen-Orient pour marquer des points dans la guerre de propagande en se positionnant, là encore, comme la première puissance de la lutte anti Covid-19 et, au passage, tenter de maintenir à flot son projet de Nouvelle route de la soie.
Les relations sino-iraniennes sont en effet tendues depuis que la Chine a renoncé en octobre dernier à un projet gazier de 5 milliards de dollars, cédant ainsi à la pression étasunienne.
Or l’épicentre iranien de l’épidémie est la ville sainte de Qom (1 million d’habitants). La cité abrite des dizaines de sanctuaires religieux mais aussi des projets d’infrastructures financés par Pékin et construits par de nombreux ouvriers et de techniciens chinois (25 000). On se souvint aussi que cette Nouvelle route de la soie (projet OBOR pour « One Belt One Road ») est en réalité une initiative américaine qui a reçu le soutien de l’Italie en mai dernier. L’hypothèse d’une propagation du virus via ces 25 000 ouvriers est ouverte.