
La place des femmes dans les réseaux mixtes et féminins, c’est le sujet de l’article de Séverine Le Loarne et Mark Smith. Pour illustrer leur propos ils s’appuient sur des recherches réalisées pour Réseau Entreprendre et la Commission européenne.
Dire qu’une présence forte du dirigeant dans des réseaux économiques et formels a un impact sur sa capacité à faire croître son entreprise est un euphémisme. Bon nombre de recherches (Lee & Tsang par exemple) attestent de cela : le dirigeant peut y trouver à la fois des sources d’idées, de pratiques sur lesquelles il s’inspire pour fonder sa stratégie, mais aussi les moyens et accès aux différentes ressources dont il pourrait avoir besoin pour l’initier et la mettre en œuvre.
On constate que bon nombre de femmes dirigeantes gèrent des entreprises de petite taille, soit par choix (création de son propre emploi), soit par défaut (démarrer « petit »). Dès lors, l’intégration des femmes dans les réseaux pour mieux accompagner leur croissance prend tout son intérêt. Or qu’en est-il vraiment ?
Les femmes dans les réseaux professionnels traditionnels
Réseau Entreprendre : plus de 10 000 adhérents, 12 % de femmes environ. Medef Rhône-Alpes : 20 % des femmes adhérentes. Ces exemples ne sont pas des exceptions. Les femmes sont peu présentes dans les réseaux professionnels en particulier dans les clubs de dirigeants. Face à la montée de réseaux strictement dédiés aux femmes, les réseaux généralistes (mixtes) s’interrogent : comment intégrer plus de femmes ? Faut-il céder à ce que certains d’entre eux perçoivent comme une discrimination ?
Ces questions commencent à être posées et traitées dans les réseaux installés. Ainsi du Réseau Entreprendre : d’un côté, il accepte et encourage la création d’une cellule test (Réseau Entreprendre Isère au Féminin), de l’autre, il rappelle que la femme entrepreneur est un entrepreneur comme les autres et qu’il ne peut y avoir d’accompagnement spécifique et que la solution pour avoir plus de femmes dans le réseau est ailleurs.
Pourtant les pratiques de réseautage des femmes et des hommes divergent. Une étude que nous avons menée pour Réseau Entreprendre en 2013 montre que l’homme adopte une logique de « don – contre don » tandis que la femme a une approche plus utilitariste sans être pour autant opportuniste : par économie de temps, elle s’intègre dans un réseau lorsqu’elle y recherche quelque chose en échange d’une forte implication. Une fois qu’elle a trouvé ce qu’elle y cherchait, elle se retire. Cette attitude laisse peu de place aux rencontres imprévues pour répondre… aux aléas économiques.